HISTOIRE DES CINE-CLUBS.

LOGO DU CINE CLUB LCL
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TEMOIGNAGE DE JOEL GILLES SECRETAIRE PUIS PRESIDENT 1960-1970 DU CINE CLUB CREDIT LYONNAIS, ADMINISTRATEUR DE LA F.F.C.C

PROLOGUE DE LA BROCHURE "HISTOIRE D'UN CINE CLUB "PAR PIERRE DURAND PRESIDENT CINE CLUB DU CREDIT LYONNAIS DE 1976 A 1983

ARTICLES SUR LOUIS DELLUC, JEAN MITRY, GEORGES FRANJU, LEON MOUSSINAC, HENRI LANGLOIS, GEORGES SADOUL, ROGER BOUSSINOT, JEAN PAINLEVE, GERMAINE DULAC.

JOEL GILLES TEMOIGNE SUR LA PERIODE 1960-1970.

UN REGARD SUR LA DECENNIE IMMERGEE DE LA VIE DU CINE-CLUB DU CREDIT LYONNAIS       

                                1960-1970

 

 

Le Ciné-Club du Crédit Lyonnais est affilié à la Fédération Française des Ciné-Clubs (F.F.C.C.) recréée en 1946. Progressiste, cette fédération défend des valeurs humanistes. Elle assigne aux ciné-clubs une fonction éducative et pédagogique afin de penser le cinéma comme outil culturel, ayant son langage spécifique développant ses propres critères artistiques et esthétiques. De reconnaître dans un film une création. D’identifier, en conséquence, chez nombre de cinéastes, des artistes et créateurs à part entière. Semblables aux écrivains, peintres et musiciens. De découvrir l’histoire du cinéma : Chaplin, Dreyer, Eisenstein, Renoir, Bunuel, John Ford, Poudovkine, Stroheim…

En 1963 le congrès de la FFCC réaffirme : « Le cinéma culturel est la diffusion libre et désintéressée, par des associations constituées à cet effet, de toute œuvre cinématographique contribuant au développement des connaissances humaines sociales et artistiques de notre temps ». A cette date, la FFCC fédère plus de 200 ciné-clubs regroupant près de 60 000 adhérents, auxquels est proposée la revue mensuelle au format poche Cinéma (responsable Pierre Billard) dont le tirage moyen est de 25 000 exemplaires.  Dirigée par des cinéphiles issus du corps enseignant la FFCC anime des ciné-clubs dans les villes, universitaires ou pas, dans les campagnes. Notons le cas particulier des quelques ciné-clubs d’entreprises, du Ciné-club Actionà Paris spécialisé dans la présentation de films d’expression sociale, du Ciné-club Fantastique.Et de la forte audience des ciné-clubs de la « ceinture rouge » de la région parisienne.

Pour atteindre ses objectifs la FFCC propose aux ciné-clubs un catalogue de films (en 16 et 35 mm) dont elle a négocié les droits pour une diffusion non commerciale avec les producteurs et les diffuseurs. Malgré les entraves commerciales multiples la sélection présente une certaine richesse tant pour les œuvres classiques que contemporaines sans omettre les ouvertures vers les nouvelles cinématographies tant française qu’étrangère. Ici je veux rendre hommage à André Rieupeyrout et Jacques Robert, têtes chercheuses et négociateurs des droits à la FFCC.

En organisant des stages à Marly, animés par des critiques et historiens, la FFCC permet de découvrir à ses animateurs des œuvres méconnues en présence des réalisateurs.

Le ciné-club du Crédit Lyonnais est un ciné-club d’entreprise, (association loi de 1901),réservé au personnel de la banque, animé par des militants culturels issus des organisations syndicales présentes dans cette banque. Sur les 14 membres du Conseil d’Administration, 7 sont désignés par les organisations syndicales et 7 sont élus par les adhérents au cours de l’Assemblée générale. Bénéficiant d’une subvention annuelle du Comité d’Etablissement de Paris, au même titre que d’autres activités du Comité, le ciné-club peut donc louer une salle de cinéma (35 mm) proche (le Dauphin au métro Cadet) pour les projections bimensuelles et éditer pour chaque film une fiche de présentation.

Afin de mieux comprendre les débats au sein de la FFCC et du Ciné-club du Crédit Lyonnais, d’en saisir les tensions et les affrontements il convient de rappeler le contexte historique, politique et idéologique de la période concernée à savoir celle de 1960-1970.

Sur le plan international c’est la Guerre froide baptisée ainsi. Deux axes majeurs mondiaux :

-          L’affrontement de deux camps : les Etats-Unis et l’URSS, représentant l’un « le capitalisme », l’autre « le socialisme ».

-          Les débuts de la décolonisation et des mouvements d’indépendance avec la structuration du mouvement tiers-mondiste (conférence tricontinentale de décembre 1965 à La Havane)

Les conséquences internationales sont multiples. Entre autres :

-          Rupture idéologique entre l’URSS et la Chine populaire et ses conséquences sur les mouvements révolutionnaires (1960)

-          Guerre américaine au Viet-Nam (1955-1975)

-          Après la révolution castriste (1959) échec de l’intervention américaine (1961), puis blocus commercial des Etats-Unis (1962) suivi de l’installation de fusées soviétiques.

-          Construction du Mur de Berlin par les Allemands de l’Est (1961)

-          Coup d’Etat militaire au Brésil (1964)

-          Massacre de 750 000 à 1 000 000 de communistes indonésiens à la suite d’un coup d’Etat  déjoué (1965)

-          Conflit frontalier entre l’Angola (soutenu par Cuba) et l’Afrique du Sud (1966)

-          Dictature militaire en Grèce (1967-1974)

-          Guerre des 6 jours entre Israël et trois pays arabes (1967)

-          Ecrasement militaire du « Printemps de Prague » par l’URSS (1968)

En France, des événements historiques ont aussi secoué l’ensemble des syndicats et leurs adhérents. Bref rappel :

-          17 octobre 1961 : A l’appel du FLN, une manifestation pacifique des Algériens à Paris est sauvagement réprimée par les forces de police : 12 000 arrestations, près de 200 morts (noyés en Seine ou exécutés)

-          8 février 1962 : A l’appel de la CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN, SNI et du PCF, PSU, Mouvement de la Paix manifestation parisienne (interdite) contre les attentats OAS. Répression policière : 9 morts (tous syndiqués CGT dont 8 adhérents communistes)

-          13 février 1962 : A Paris obsèques des victimes du 8 février. Plusieurs centaines de milliers de personnes défilent de la place de la République au cimetière du Père Lachaise dans un silence impressionnant.

-          1962 : Lors du concile de Vatican 2, le pape Jean XXIII ouvre l’Eglise au monde moderne et reconnaît l’émancipation des peuples.

-          1963 : Grève victorieuse des mineurs d’une durée de cinq semaines.

-          1964 : Création de la CFDT (approbation de 90% des adhérents de la CFTC).

-          29 octobre 1965 : Assassinat à Paris de Medhi Ben Barka, dirigeant anticolonialiste marocain et un des leaders de la Tricontinentale.

-          Mai 1968 : Révolte des étudiants matée par une répression policière brutale. Affrontements au Quartier Latin. Le 13 mai début de la grève générale nationale avec occupations des entreprises. La France paralysée. 9 à 10 millions de grévistes. Après le constat de Grenelle reprises difficiles du travail début juin. Le siège du Crédit Lyonnais est occupé pendant 15 jours par des militants de la CGT et de la CFDT.

Les ondes de choc de tous ces événements, tant internationaux que nationaux, se répercutent au sein de l’équipe dirigeante du ciné-club. Le paradigme marxiste encore dominant est source de tensions idéologiques récurrentes. Les Cahiers du cinéma et Positif, deux revues cinématographiques politiquement antagonistes, et Les Lettres françaises sont parfois des références pour désamorcer les tensions ou les aviver.

Ajoutons qu’au sein de l’entreprise la confrontation syndicale est permanente et n’est pas sans contrecoup au sein du Conseil d’administration du ciné-club tribune à forte audience (400 adhérents en moyenne annuelle). Lors de la sélection des films, les débats sont parfois vifs sur le contenu d’une œuvre, sa nationalité, la personnalité de son réalisateur (le « contenu » plus important que la « forme » ou vice-versa). Nécessaire débat démocratique permanent y compris pour les votes lors des congrès de la FFCC auxquels assiste régulièrement le ciné-club.

La Direction du Crédit Lyonnais intervient régulièrement. Elle ne peut admettre le choix de certains films sélectionnés : son jugement, se référant à la cote de l’Office catholique du cinéma,  en désapprouve le contenu jugé « immoral » ou « politique » et s’oppose à la diffusion de textes de présentation. Elle le fait savoir par ses réseaux de communication et au Comité d’Etablissement afin d’influencer certaines organisations syndicales et le personnel de la banque.

Nous vivons l’époque de la fin de la guerre sans nom (celle d’Algérie). Nous subissons les effets de la censure politique frappant ou mutilant entre autres Les statues meurent aussi, Bel Ami, Moranbong, Les tripes au soleil, le petit soldat, Octobre à Paris,la Religieuse, La femme mariée, La bataille d’Alger…

Cette censure frappe également le théâtre : interdiction de la pièce d’Armand Gatti La Passion du Général Franco montée en décembre 1968 au TNP dirigé par Jean Vilar. Rappelons également la pièce de Jean Genêt Les Paravents, créée en 1966 par Roger Blin à l’Odéon Théâtre de France dirigé par Jean-Louis Barrault, qui se voit violemment perturbée par des éléments d’extrême-droite Occident et par des militaires et anciens combattants nostalgiques de l’Algérie française. Sans oublier l’édition : interdiction de Eden EdenEdende Pierre Guyotat.

Rappelons notre hostilité en 1962, dans le climat politique de l’époque, à ce que la FFCC soit reconnue d’utilité publique par le Gouvernement. Cette demande de la direction de la FFCC, motivée financièrement pour développer ses activités,avait pour but de solliciter le détachement, avec traitement, de fonctionnaires dont la désignation revenait au pouvoir politique. Une proposition est faite également d’offrir un siège à la commission de censure des films. La FFCC risquant de devenir un appendice des Ministères de la Culture, de l’Education nationale et de l’Intérieur et aliénant de fait son indépendance.

En 1966 nous nous opposons à l’interdiction deLa Religieuse de Jacques Rivette  par la censure gouvernementale. En 1968, prenons la défense d’Henri Langlois évincé, par le Gouvernement, de la direction de la cinémathèque française.

Nous vivons l’époque du « jeune cinéma ». Pour la France les premières œuvres de Resnais, Truffaut, Chabrol, Demy, Varda, Godard, Marker, Rohmer entre autres. Pour l’étranger la découverte des Bergman, Tarkovski, Paradjanov, Satyajit Ray, Akira Kurosawa, Wajda, Munk, Rosi, Nicholas Ray, Losey, Jancso, Pasolini, Glauber Rocha, Forman, Bertolucci, le free cinéma anglais…

Cette époque où les premières œuvres de Visconti, Rossellini, De Sica et Antonioni ne sont pas (ou mal) diffusées dans le circuit commercial et seulement visibles en version originale à la cinémathèque ou dans les ciné-clubs.

De par sa spécificité le ciné-club s’insère, quand il le juge opportun, dans les combats sociaux. La projection du film américain Le sel de la terre, en 1963 lors d’une séance exceptionnellement ouverte à l’ensemble du personnel (plus de 500 personnes présentes) en solidarité avec la longue grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, en présence de représentants de mineurs en tenue professionnelle tenant le drapeau de la collecte.

Durant cette décennie le ciné-club donne à voir près de 200 films, semant dans l’esprit des adhérents des noms de créateurs dont les œuvres à venir seront accueillies avec reconnaissance, convaincant chacune et chacun que le cinéma peut être à la fois source de plaisir esthétique et outil culturel d’émancipation et de luttes.

 

Joël GILLES, secrétaire puis président 1960-1970, administrateur de la FFCC.

 

(Note rédigée en novembre 2015)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUELQUES PRECISIONS ET JALONS POUR ECLAIRER L’ACTIVITE DU CINE-CLUB DURANT LA       

PERIODE 1960-1970.

 

Le Ciné-Club est affilié à la Fédération Françaises des Ciné-Clubs (F.F.C.C.) recréée en 1946. Progressiste, cette fédération défend des valeurs humanistes. Elle assigne aux ciné-clubs une fonction éducative et pédagogique afin de penser le cinéma comme outil culturel, ayant son langage spécifique développant ses propres critères artistiques et esthétiques. De reconnaître dans un film une création. D’identifier, en conséquence, chez nombre de cinéastes, des artistes et créateurs à part entière. Semblables aux écrivains, peintres et musiciens. De découvrir l’histoire du cinéma : Dreyer, Eisenstein, Welles, Renoir, Bunuel, John Ford….

En 1963 le congrès de la FFCC réaffirme : « Le cinéma culturel est la diffusion libre et désintéressée, par des associations constituées à cet effet, de toute œuvre cinématographique contribuant au développement des connaissances humaines, sociales et artistiques de notre temps ».

Pour atteindre ces objectifs la FFCC propose aux ciné-clubs un catalogue de films (en 16 et 35 mm) dont elle a négocié les droits pour une diffusion non commerciale. La programmation du Ciné-Club du Crédit Lyonnais, durant les dix années qui nous intéressent, montre que l’offre de la FFCC, tant pour les œuvres classiques que contemporaines, présente une certaine richesse : ouverture vers les nouvelles cinématographies tant française qu’étrangère. Ici je veux rendre hommage à André Rieupeyrout et Jacques Robert, têtes chercheuses et négociateurs des droits à la FFCC.

Nous vivions l’époque du « Jeune cinéma ». Pour la France les premières œuvres de Resnais, Truffaut, Chabrol, Demy, Varda, Godard, Marker, Rohmer entre autres. Pour l’étranger la découverte des  Bergman, Tarkovski, Paradjanov, Satyajit Ray, Kurosawa, Wajda, Munk, Rosi, Nicholas Ray, Losey, Jancso…

Nous vivions l’époque où les premiers films de Visconti et Antonioni n’étaient pas (ou mal) diffusés dans le circuit commercial mais seulement visibles à la cinémathèque ou dans les ciné-clubs.

Nous vivions  l’époque de la fin de la guerre d’Algérie. Nous subissions les effets de la censure politique frappant ou mutilant entre autres Les statues meurent aussi, Bel Ami, Moranbong, Les Tripes au soleil, Nuit et brouillard, Les sentiers de la gloire, Le petit soldat, Octobre à Paris…

 

Nous vivions l’époque sous le regard sourcilleux de la Direction du Personnel du Crédit Lyonnais qui se donnait le droit d’intervenir dans les activités du C.E. de Paris. Particulièrement dans ses activités culturelles  en critiquant la sélection des films du Ciné-Club et en s’opposant à l’édition de textes de présentation.

Nous veillions à insérer l’activité du Ciné-Club dans les combats sociaux de l’époque (nous n’oubliions pas que nous étions un ciné-club d’entrepriseanimé par des militants culturels issus de formations syndicales présentes dans l’entreprise). La projection du film américain Le sel de la terre, en 1963 : séance exceptionnellement ouverte à l’ensemble du personnel (plus de 500 personnes présentes)  en solidarité avec la longue grève des mineurs du Nord-Pas –de-Calais ; en présence de représentants de mineurs en tenue professionnelle qui tenaient le drapeau de la collecte.

Nous avions été hostiles, en 1962, dans le climat politique de l’époque, à ce que la FFCC soit reconnue d’utilité publique par le Gouvernement. Cette demande  de la direction de la FFCC avait pour but de solliciter le détachement, avec traitement, de fonctionnaires dont la désignation revenait au pouvoir politique. La FFCC risquant de devenir un appendice des Ministères de la Culture, de l’Education nationale et de l’Intérieur et aliénant de fait sa liberté.

Durant cette décennie (1960-1970) le Ciné-Club est fort de 400 adhérents en moyenne annuelle, avec un pic de 550 en 1963/64 ; donne à voir près de 200 films ; sème dans l’esprit des adhérents des noms de créateurs dont les œuvres à venir seront accueillies avec reconnaissance ; convainc chacune et chacun que le cinéma peut être à la fois source de plaisir esthétique et outil  culturel d’émancipation et de luttes.

Joël GILLES, secrétaire puis président 1960-1970, administrateur de la FFCC.

(Cette note a été rédigée le 10 décembre 2014)

HISTOIRE ET PROGRAMMATION

 DU CINE-CLUB DU CREDIT LYONNAIS

 DE 1951 A 2010.

 

Soixante années de cinéma…..

 

Selon la déclaration effectuée auprès de la Préfecture de Police de Paris, le 12 décembre 1950 est né le « Ciné-Jeunes, Ciné-club des jeunes du Crédit-Lyonnais ».

Le 15 décembre 1950, le fondateur de ce Ciné-Club, Monsieur Houdeville,  s'est procuré un registre aux pages numérotées avec à chaque page le tampon officiel de la Préfecture de Police de Paris.

Ce registre servait à mentionner les statuts du ciné-club et les réunions établies par le Président, assisté du secrétaire, du trésorier et de l'ensemble des membres du conseil d'administration. Ces procès verbaux me sont maintenant très utiles pour écrire cette brochure et relater ainsi presque tous les événements qui se sont produits pendant les soixante années de vie de notre association.

En complément à l'histoire que j'ai écrit pour le site "cineclublcl", je vais détailler l'ensemble ou presque des films diffusés et surtout raconter les joies et malheurs vécus par les membres de notre ciné-club.

Pierre Durand.

Auparavant revenons à l'histoire des ciné-clubs.

 

Les premiers ciné-clubs ont vu le jour en 1920 sous l'impulsion de Louis Delluc qui créé un journal intitulé "le Journal du Ciné-Club."

Le 14 novembre 1921 a lieu la première séance de projection au Colisée avec le film Allemand suivant "Le Cabinet du Docteur Caligari" de Robert Wiene

En 1924 avec d'autres fanatiques de cinéma tels que Léon Moussinac, Germaine Dulac et Jacques Feyder, Louis Delluc crée le Ciné-Club de France.

Le but est de rassembler des fervents cinéphiles pour débattre et rencontrer les spécialistes du 7éme Art de l'époque.

 

Le Ciné-Club de France se donne pour mission de diffuser les œuvres méprisées par le public ou la critique, et surtout dédaignées par les exploitants. Egalement, il permet la diffusion de films interdits par la censure.

On pense au chef-d'œuvre de S. Eisenstein "le cuirassé Potemkine", dont la censure s'est exercée en       1925 et levée en 1953.

D'autres films ont pu être vus grâce à l'association « les Amis de Spartacus ». 

En 1928 les ciné-clubs font peur aux exploitants commerciaux des salles de cinémas

Ainsi une séance au Casino de Grenelle à PARIS attire plus de 4000 spectateurs pour une salle qui ne pouvait en contenir que 2500.

Le Préfet de Police de Paris interdit certaines séances de cinéma pour atteintes et troubles à l'ordre public.

En 1936, "LE CERCLE DU CINEMA" est créé par Henri Langlois et Georges Franju. La création de la Cinémathèque Française sera la suite logique de cette association.

Jean Painlevé crée en 1946 la Fédération Française des Ciné-Clubs avec son ami Georges Sadoul. Ils seront respectivement Président et Secrétaire Général. Les principales fédérations de ciné-clubs datent de cette époque.

Plus de 400 ciné-clubs naissent dans cette euphorie culturelle.

Les ciné-clubs sont de plus en plus actifs et participent à apprendre la lecture de l'image. Les débats permettent les échanges de points de vue.. A partir de1980, ils verront leurs publics s'éloigner, la télévision invitant certains  à rester chez eux, tendances renforcées depuis cette période par les cassettes VHS, les DVD et chaînes thématiques.

 

Notre ciné-club naissant fin 1950 connaîtra le même parcours que tous les ciné-clubs.

 

 En 2010, peu d'entre eux subsistent encore. Espérons que nos dirigeants, nos tuteurs dont le Comité d'établissement De Paris réfléchiront et nous ouvriront de nouveau le cordon de leur bourse afin de continuer notre mission.

Liste de films censurés (Liste non exhaustive)

 

    * David Griffith, Intolérance (1916), interdit pendant trois ans].

    * Armand du Plessy, La Garçonne (1923),

    * Jean Vigo, Zéro de conduite (1933), censuré jusqu'en 1945.

    * Gil Joseph Wolman, L'Anticoncept (1951), toujours censuré à l'heure actuelle.

    * Paul Carpita, Le Rendez-vous des quais (1955), censuré jusqu'en 1990.

    * Jean-Luc Godard, Le Petit Soldat (1960), censuré jusqu'en 1963.

    * Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger (1965), censuré jusqu'en 1971.

    * Jacques Rivette, Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1966), censuré jusqu'en 1967.

    *Serge Korber, L'Essayeuse (1975), d'abord autorisé, classé X, puis censuré, le réalisateur et les acteurs condamnés à des amendes de 400 à 10000 francs pour outrages aux bonnes mœurs.

 

Ceux qui ont contribué à la création des ciné-clubs.

un extrait du journal de la F.F.C.C
un extrait du journal de la F.F.C.C

Nous allons citer quelques uns d'entre eux mais beaucoup pourraient figurer sur cette page.

 

merci pour votre compréhension

LOUIS DELLUC

Louis Delluc né en 1890 et mort à Paris en 1924.

 

Louis Delluc est né à Cadouin (Dordogne) en 1890. Sa famille s'installe à Paris en 1903. Après des études classiques il se dirige vers le journalisme. Il écrit beaucoup : critiques de spectacles, poèmes, romans. Il est très critique envers le cinéma de l'époque : des films d'art, des actualités, des films légers. Pendant la guerre, il épouse Ève Francis, muse et interprète de Paul Claudel : elle lui fait découvrir le cinéma américain.

À partir de 1917, Louis Delluc se lance dans la critique cinématographique ; il écrit de très nombreux articles et notes, invente le mot cinéaste. Avec son ami d'enfance Léon Moussinac, il est l'un des premiers théoriciens et critiques indépendants en France. En cinq ans il va faire preuve d'une activité débordante pour éditer Le Journal du Ciné-club, Cinéa, créer les ciné-clubs et surtout pour réaliser sept films, dont deux ont marqué l'histoire du cinéma français : La Femme de nulle part et Fièvre. Il utilise le décor naturel, supprime les gesticulations et les péripéties.

Il est l'initiateur de la première avant-garde qui va marquer le cinéma des années 1920, jusqu'au parlant (Abel Gance, Germaine Dulac, Marcel L'Herbier, Jean Epstein, René Clair).

En 1924, il tourne son dernier film, L'Inondation, dans la vallée du Rhône. Dans des conditions climatiques très mauvaises, Louis Delluc y contracte une terrible pneumonie. Il y succombe en quelques semaines, à l'âge de trente-trois ans.

Son neveu Gilles Delluc lui a consacré une importante biographie : Louis Delluc, l'éveilleur du cinéma français (Pilote 24, 2002).

JEAN MITRY

Jean Mitry est un historien français du cinéma, critique et théoricien, né Jean-René-Pierre Goetgheluck Le Rouge Tillard des Acres de Presfontaines, le 7 novembre 1904 à Soissons (Aisne), mort le 18 janvier 1988 à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).


Parcours

Il débute comme photographe sous le pseudonyme de Jean Letort. En 1935, il fonde, avec Henri Langlois et Georges Franju, le Cercle du cinéma, qui devient rapidement la Cinémathèque française.

Il a enseigné à l'Institut des hautes études cinématographiques (1944-1966), à l'Université de Montréal (1966-1970), puis à Paris I (1970-1975), ainsi qu'à l'École supérieure de journalisme de Paris.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le septième art dont 12 monographies sur des cinéastes, Esthétique et psychologie du cinéma (1963-1965), une Histoire du cinéma en cinq volumes (1960-1970), une Filmographie universelle, La Sémiologie en question (1987) à propos de Christian Metz...

Il a réalisé des courts métrages expérimentaux. L'un des plus connus est Pacific 231, réalisé sur une musique d'Arthur Honegger, sorti en 1949, récompensé au festival de Cannes où il a obtenu le prix du meilleur montage. En 1952, il a participé au festival de Cannes pour le montage du court-métrage Le Rideau cramoisi d'Alexandre Astruc.

En 1959, il réalise son unique long métrage, Énigme aux Folies Bergère.

 

 

 

 

GEORGES FRANJU

Georges Franju est un réalisateur français, né le 12 avril 1912 à Fougères, et décédé le 5 novembre 1987 à Paris.


Biographie

Après avoir été décorateur de théâtre, Georges Franju rencontre Henri Langlois avec lequel il participe en 1936 à la création de la Cinémathèque française. Il devient en 1938 secrétaire exécutif de la Fédération internationale des archives du film(FIAF).

Georges Franju se fait connaître avec des courts métrages documentaires, d'un réalisme sans concession : Le Sang des bêtes, sur le monde des abattoirs, Hôtel des Invalides, sur les « gueules cassées ».

On retrouve ce style de mise en scène froid dans ses long métrages comme dans La Tête contre les murs (avec et sur un scénario de Jean-Pierre Mocky), qui se déroule dans un asile psychiatrique, ou dans son chef d'œuvre Les Yeux sans visage, lors d'une scène d'opération chirurgicale d'un genre très particulier. Dans certaines scènes, George Franju semble capter une réalité autant qu'il la représente. À cette esthétique glaciale se mêle pourtant une réelle poésie.

Cette dichotomie est particulièrement réussie dans Les Yeux sans visage, un authentique film d'horreur, triste et réellement beau à la fois. C'est l'une des rares réussites absolues dans le genre en France. Certaines scènes annoncent le cinéma gore (trois ans avant son apparition avec Orgie sanglante (Blood Feast) de Herschell Gordon Lewis), mais pas dans son versant grand-guignol ou comique. George A. Romero s'inspirera d'ailleurs de cette œuvre pour son film Bruiser, avec le masque blanc neutre comme dans celui de Franju.

George Franju a également œuvré pour le cinéma fantastique dans Judex, où le cinéaste affiche son goût pour une mise en scène expressionniste.

Il a par ailleurs adapté Mauriac (Thérèse Desqueyroux) et Zola (La Faute de l'abbé Mouret).

 

 

 

LEON MOUSSINAC

Léon Moussinac est un écrivain, journaliste, historien et critique de cinéma français, né à Laroche-Migennes le 19 janvier 1890 et décédé le 10 mars 1964.

Sommaire

Biographie

Il poursuit ses études jusqu'à la licence de droit, contraint de travailler par ailleurs après la mort de son père en 1907.

Appartenant à la classe 1910, il doit passer huit ans sous les drapeaux et fait la guerre en première ligne ; il épouse Jeanne Lods en 1916. Il écrit en 1919 son premier article pour la revue Le Film que dirige Louis Delluc, son ami d'enfance qu'il connut à Paris sur les bancs du lycée Charlemagne et avec lequel il a été l'un des premiers théoriciens et critiques indépendants en France. Rendu à la vie civile, il devient critique de films à la revue Mercure de France, puis au quotidien L'Humanité à partir de 1923 où il tient une rubrique hebdomadaire.

Il adhère au Parti communiste français (PCF) en 19241.

Ses travaux théoriques et historiques, réunis pour la première fois en 1925 dans Naissance du Cinéma, ont précédé, à l'exception des travaux de Louis Delluc, tous les ouvrages consacrés au cinéma ; il est possible qu'il ait ainsi influencé ses amis Eisenstein, Béla Balázs et Vsevolod Poudovkine.

Grâce à son action au sein du Ciné-Club de France), le film Le Cuirassé Potemkine est projeté pour la première fois le 13 novembre 1926 à Paris, dans la salle de l’Artistic, louée pour un après-midi. Il fonde peu après avec son ami Jean Lods le "premier ciné-club de masse" - selon l'expression de Georges Sadoul - Les Amis de Spartacus, qui organise des projections au Casino de Grenelle avant d'être interdit après six mois d'existence par le préfet de police Jean Chiappe.

Il dirige le magazine Regards créé en 1932, avant d'en confier les rennes à son ami Pierre Unik.

Il est le fondateur, en 1932, avec Paul Vaillant-Couturier et Aragon, de l'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (AEAR) créée en France, à la tête de laquelle figurent également Charles Vildrac et Francis Jourdain.

Sous l'autorité tacite du Parti communiste français, l'association et son organe Commune ont alors pour mission de réunir les différents courants culturels qui, en France, se préoccupent à l'époque des rapports entre l'engagement révolutionnaire et la culture.

Léon Moussinac participa à la création de la F.T.O.F., Fédération du Théâtre Ouvrier de France. Avec Paul Vaillant-Couturier, il a appuyé le groupe Octobre, troupe de théâtre d'agitprop, à ses débuts.

Arrêté en avril 1940 pour "propagande communiste", il est interné au camp de Gurs. En octobre 1940, il est transféré avec un groupe "de 85 détenus pour militaire de Nontron."2 Léon Moussinac est finalement jugé et acquitté en novembre 1941. Il participe ensuite à la Résistance.

Il est directeur de l'IDHEC de 1947 à 1949 et de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de 1946 à 1959.

Il meurt dans son bureau le 10 mars 1964, victime d'une crise cardiaque, alors qu'il préparait un livre sur Louis Delluc.

Bibliographie

Œuvres de Léon Moussinac

  • La tête la première, roman
  • Naissance du cinéma, Paris, Éd. J. Povolozky, 1925, et Éditions d’Aujourd’hui, 1983
  • Le Père Juillet - Tragi-farce en deux parties et un intermède, Léon Moussinac et Paul Vaillant-Couturier, Paris, 1927
  • Le cinéma soviétique, Gallimard, 1928
  • Panoramique du cinéma, Paris, Au sans pareil, 1929
  • Mallet-Stevens, éditions G. Crès & Cie, Collection les artistes nouveaux, Paris, 1931
  • Manifestation interdite, roman, Éditions Sociales Internationales, 1935
  • Tendances nouvelles du théâtre
  • Le Radeau de la Méduse, Paris, Éditions Hier et Aujourd'hui, 1945 - rééd. Aden Éditions, Bruxelles, 2009
  • Traité de la mise en scène, Massin et Cie, 1948
  • Le théâtre, des origines à nos jours, Amiot-Dumont, 1957
  • S.M. Eisenstein, Seghers, 1963
  • L'âge ingrat du cinéma, Paris, Éditeurs français réunis, 1967

Ouvrages et études sur Léon Moussinac

  • Marie-Cécile Bouju : Léon Moussinac, éditeur engagé (1935-1939), Annales des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, n° 9, 2007.
  • Jacky Tronel, Léon Moussinac, l'ami d'Aragon, revue arkheia n°21, Montauban, 2009.

Ouvrages et études en relation avec l'A.E.A.R.

  • Nicole Racine, "L'Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue Commune et la lutte idéologique contre le fascisme (1935/1936)", Le mouvement social, janvier-mars 1966, n°54, p. 29-47.

Filmographie

 

 

 

 

HENRI LANGLOIS

Henri Langlois né le 13 novembre 1914 à Smyrne (aujourd'hui Izmir) en Turquie et décédé le 13 janvier 1977 à Paris, est un pionnier de la conservation et de la restauration de films. Il est l'un des artisans fondateurs de la Cinémathèque française.

Il a commencé ces archives avec des fonds privés et seulement une dizaine de films. Au cours des décennies suivantes, la collection s'accroîtra jusqu'à atteindre plusieurs milliers de titres.

Sommaire

Biographie

De Smyrne à Paris

« Je suis né le 13 novembre 1914 à Smyrne. Mes parents étaient des français de l'étranger, ce qui m'a permis d'être en retard d'un siècle » dira Henri Langlois. À sa naissance en 1914, le monde est en guerre. Smyrne (Izmir) est une ancienne ville grecque qui se trouvait dans l'Empire ottoman, alors l'allié de l'Allemagne. Après la défaite des empires centraux en 1918 et la signature du traité de Sèvres en 1920, qui attribue Smyrne à la Grèce, la Turquie se soulève et reconquiert l'Anatolie. Smyrne est à moitié détruite par un incendie (septembre 1922), et la totalité de la population grecque est expulsée. La plupart des Européens quittent également la ville. C'est ainsi que la famille Langlois se trouve dans l'obligation de rentrer en France. Ils s'installèrent à Paris, rue Laferrière, dans le 9e arrondissement.

Une passion: le Cinéma

Henri Langlois fit ses études au petit lycée Condorcet de la rue d'Amsterdam. En 1933, pour protester contre la décision de son père qui veut l'inscrire à la faculté de droit, il échouera volontairement à son bac, en rendant page blanche, puis en allant au cinéma. Lui ne veut s'occuper que de cinéma. « Moi je suis la brebis galeuse de la famille. J'aimais trop le cinéma » dira-t-il. Après cet échec son père lui trouve un emploi chez un imprimeur. C'est grâce à cet emploi qu'il rencontrera Georges Franju, son ainé de deux ans. Ils deviennent amis. Franju dira: « C'est grâce à lui que j'ai vraiment appris ce qu'était le cinéma muet ». Ensemble ils essayeront de faire un film Le Métro (retrouvé en 1985, il se trouve aujourd'hui à la cinémathèque). De ses premiers essais de réalisation, seul Franju poursuivra un parcours de cinéaste en signant notamment le documentaire Le sang des bêtes en 1949, Les yeux sans visage en 1960 et Judex (en hommage aux "sérials" d'aventure tournés par Louis Feuillade dans les années 10), en 1964.

En 1935, Henri Langlois arrive à faire paraître des articles dans un hebdomadaire intitulé La Cinématographie française, dont le propriétaire s'appelle Paul Auguste Harlé. Henri Langlois a compris qu'avec l'arrivée du cinéma parlant, les films du cinéma muets allaient diparaître, et qu'il fallait les sauver. Cette même année au mois d'octobre, il fera la connaissance de Jean Mitry au ciné-club de la femme. Celui-ci âgé de 35 ans est historien du cinéma. Il les encouragera dans leur idée à monter un ciné-club voué aux films muets.

Ce ciné-club verra le jour en décembre 1935 et portera le nom de Cercle du Cinéma: « Il s'agit avant tout de montrer des films et non de discuter après. Les débats ne servent à rien ». dira Henri Langlois. Les recettes devront servir à rassembler une première collection de films. Paul Auguste Harlé leur ouvrira un crédit de dix mille Francs, avec lesquels Langlois et Franju achetèrent des copies de 35 mm d'une dizaine de films. Les mois qui suivirent créèrent le climat favorable qui allait rendre possible la création de la Cinémathèque. À vingt ans Henri Langlois est devenu un prodigieux spécialiste du cinéma et possède dans ce domaine une connaissance encyclopédique.

La Cinémathèque

En 1936, Henri Langlois, Georges Franju et Jean Mitry fondent officiellement la Cinémathèque française. Elle est conçue comme une salle et un musée du cinéma. Son siège social est situé à Paris, 29 rue Marsoulan dans le 12e arrondissement. Paul Auguste Harlé en est le premier Président, Henri Langlois et Georges Franju les secrétaires généraux, Mary Meerson le principal contributeur financier grâce à la vente de ses toiles de grands peintres1 et Jean Mitry en est l'archiviste. La France de 1936 venait de voir naître sa Cinémathèque. Dès 1937, la Cinémathèque peut se recommander de noms aussi illustres que ceux de Lumière, Kamenka, Pathé ou Gaumont et possède déjà une importante collection. De dix films en 1936, le fond atteint plus de 60 000 films en 1970. Bien plus qu'un simple archiviste, Langlois sauve, reconstitue et montre beaucoup de films en danger de désintégration. La plupart des films stockés sont en celluloïd, un matériau fragile qui exige un environnement de conservation fortement contrôlé pour une survie dans le temps.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Langlois apolitique continue à projeter ses films salle Jules Ferry à la Cinémathèque française2, lui et ses collègues aident à sauver beaucoup de films contre l'occupation nazie en France.

Le désir de Langlois de sauver des films contre l'oubli peut dénoter ses racines dans la destruction partielle et le pillage important de son lieu de naissance lors de la Première Guerre mondiale.

En plus des films, Langlois aide également à préserver d'autres objets liés au cinéma, tels que caméras, machines de projection, costumes et programmes de salles.

Langlois a contribué à la fondation de la Cinémathèque de Cuba. En 1950, un photographe et cinéaste amateur Herman Puig s'est rendu à Paris où il a rencontré Langlois. Cette réunion fut brève mais décisive puisque Langlois accepta d'envoyer des films français au Cine-club de La Havane (antécédent de la Cinémathèque de Cuba), mais à la condition que ce petit cine-club soit institutionnalisé, puisque la Cinémathèque française ne pourrait effectuer d'échange de films qu'avec un organisme analogue.

Langlois aura un impact important sur les réalisateurs français de la nouvelle vague pendant les années 1960, entre autres : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et Alain Resnais. Certains de ces réalisateurs de film se sont eux-mêmes appelés « les enfants de la Cinémathèque ».

L'Affaire Langlois

En 1968, le ministre français de la culture André Malraux, qui, depuis 1958, a mis à la disposition de Langlois d'importants moyens financiers, essaie de le priver de la direction administrative de la cinémathèque, tout en lui laissant la direction artistique. Au ministère de la culture, on reproche à Langlois de négliger complètement l'administration, la comptabilité et la gestion. Il est incapable de donner les informations établissant le droit de propriété de la cinémathèque sur certaines bobines et il est si peu soucieux des conditions matérielles de conservation que des milliers de films se détériorent dans des blockhaus dont il refuse l'accès aux techniciens et à certains chercheurs3. Le 25 février 1968, à l'Assemblée nationale, François Mitterrand qualifie l'éviction de Langlois de choquante4 : c'est l'affaire Langlois. S'ensuit une série de protestations en France et à l'étranger avec les participations entre autres de Charles Chaplin, Stanley Kubrick, Orson Welles ou encore Luis Buñuel et - à Paris - François Truffaut, Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Jean Marais, jusqu'au festival de Cannes qui fut interrompu cette année-là, entre autres pour cette raison. Malraux fait alors marche arrière.

En 1970, un documentaire britannique intitulé Henri Langlois est réalisé, il raconte son travail et sa vie, avec des entrevues de Ingrid Bergman, Lillian Gish, François Truffaut, Catherine Deneuve et Jeanne Moreau, entre autres. Il fonde le Musée du Cinéma qui ouvre le 14 juin 1972 au palais de Chaillot. Le 2 avril 1974, Langlois reçoit un oscar pour l'ensemble de son travail consacré à la réalisation de la Cinémathèque.

Jusqu'à sa mort à Paris le 13 janvier 1977, Langlois s'efforce d'étendre le principe d'une cinémathèque à d'autres pays, tels que les États-Unis.

Il est enterré au cimetière de Montparnasse à Paris.



Un film documentaire de 3h30 lui est consacré en 2004 : Le Fantôme d'Henri Langlois, réalisé par son dernier assistant Jacques Richard, retraçant l'épopée de la Cinémathèque Française depuis sa création en 1936 jusqu'à la mort de Langlois en 1977.

Hommages

  • L'année de la mort d'Henri Langlois, le réalisateur allemand Wim Wenders lui dédie son film L'Ami américain, film qui contient un grand nombre de références à la préhistoire du cinéma.
  • Il existe depuis 2006 des Prix Henri-Langlois. Ces prix décernés tiennent compte des travaux récents des organismes qui œuvrent à la conservation et à la restauration des films, de l'actualité des comédiens et réalisateurs distingués dans la catégorie Coups de cœur sur le cinéma actuel et de la carrière des personnalités du cinéma relevant du cinéma d'auteurs et des œuvres de patrimoine.

Divers

  • Henri Langlois est également le nom de l'homme politique incarné par Didier Bourdon dans le sketch des Inconnus « La Vérité vraie »

 

 

 

 

 

GEORGES SADOUL

Georges Sadoul est un écrivain français, historien du cinéma, né le 4 février 1904 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), mort le 13 octobre 1967 à­ Paris. Il est notamment l'auteur d'une importante Histoire générale du cinéma.

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Biographie

Il est le fils de Charles Sadoul, écrivain et conservateur du Musée lorrain depuis 1910.

À 19 ans, étudiant à Nancy, il collabore à L'Est Républicain et fonde le Comité Nancy-Paris. L'objectif de ce comité est de permettre à la population nancéienne de rencontrer les productions et les artistes parisiens. Il fera venir notamment Jean Epstein, Henry Prunières, André Lurçat, Jacques Rivière, Jacques Copeau ou André Lhote.

Proche des surréalistes, il devient communiste en 1927.

Son Histoire générale du cinéma (publiée à partir de 1946) est un document essentiel sur l'histoire du cinéma mondial, écrite en réaction à l'Histoire du cinéma, jugée partisane, de Maurice Bardèche et Robert Brasillach. Le cinéma mondial y est considéré à la fois comme un art et comme une industrie. Pour réaliser avec méthode cette histoire générale, il conceptualise les œuvres, travaille sur les archives et l'écriture. Il recoupe les sources : documents et témoignages, ce qui nuance l'appréciation de l'œuvre.

Georges Sadoul a porté une attention particulière au cinéma des pays en voie de développement. Dans une publication de la Cinémathèque de Lausanne, Du cinématographe au septième Art (1959), il remarque sur les cartes de l'UNESCO la corrélation entre les zones d’illettrisme fort, et celles où le cinéma reste méconnu. En outre, il travaille avec les cinémathèques et les écoles de cinéma du monde entier ; il aide à la création de plusieurs cinémathèques africaines. Il estime que le cinéma est un moyen exceptionnel de communication entre les hommes et entre les peuples.

Il a été journaliste aux Lettres françaises, l'hebdomadaire de Louis Aragon, et a enseigné à la Sorbonne et à l'IDHEC.

Le Prix Georges Sadoul (devenu en 1993 le Prix Georges et Ruta Sadoul) a été créé en janvier 1968 afin de distinguer deux premiers ou seconds longs-métrages, français et étranger.

Ouvrages

  • Les Religions et le chômage : la Croisade de la charité, Bureau d'éditions, 1932
  • Ce que lisent vos enfants : la Presse enfantine en France, son histoire, son évolution, son influence, Bureau d'éditions, 1938
  • Les Aventures de Pierrot Lancry, Paris, Éditions sociales internationales, 1938
  • Mystère et Puissance de l'atome, Hier et Aujourd'hui, 1947
  • Le Cinéma, son art, sa technique, son économie, La Bibliothèque Française, 1948
  • Histoire d'un art : le cinéma, Paris, Flammarion, 1949
  • Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Flammarion, 1949 ; 9e édition revue et augmentée 1990
  • Vie de Charlot, Éditeurs français réunis, 1952
  • Panorama du cinéma hongrois, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1952
  • Histoire générale du cinéma. Tome 1. L'invention du cinéma, Denoël, 1946-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 2. Les pionniers du cinéma, Denoël, 1947-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 3. Le cinéma devient un art - L'avant-guerre, Denoël, 1950-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 4. Le cinéma devient un art - La première guerre mondiale, Denoël, 1950-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 5. L'Art muet - L'après-guerre en Europe, Denoël, 1950-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 6. L'Art muet - Hollywood - La fin du muet, Denoël, 1950-1975
  • Histoire générale du cinéma. Tome 6 (selon le plan initial). L'époque contemporaine (1939-1954) - 1/ Le cinéma pendant la guerre (1939-1945), Denoël, 1946, rééd. 1954
  • Les Merveilles du cinéma, Éditeurs français réunis, 1957
  • Voici Moscou, photos de Hans Sibbelec, Flammarion, 1959
  • Conquête du cinéma, Paris, Geldage, 1960
  • Histoire du cinéma, Paris, Ditis, 1961
  • Georges Méliès, Seghers, 1961
  • Le Cinéma français 1890-1962, Paris, Flammarion, 1962
  • De l'autre côté des caméras, Paris, La Farandole, 1962
  • Louis Lumière, Paris, Seghers, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », 1964
  • Dictionnaire des films, Seuil, 1965 ; réédition 1990
  • Dictionnaire des cinéastes, Seuil, 1965
  • Les Cinémas des pays arabes, recueil préparé pour l'UNESCO, Centre interarabe du cinéma et de la télévision, Beyrouth, 1966
  • Aragon, Paris, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 1967
  • Gérard Philipe, Seghers, 1968
  • Jacques Callot, miroir de son temps, Paris, Gallimard, 1969
  • Dziga Vertov, préface de Jean Rouch, Champ libre, 1971
  • Journal de guerre, EFR, 1977
  • Chroniques du cinéma français (1939-1967), UGE, coll. 10/18, 1979
  • Rencontres I. Chroniques et Entretiens de G. Sadoul, Denoël, 1984
  • Lumière et Méliès, Paris, Lherminier, 1985
  • Jacques Callot (scénario, œuvre posthume réalisée par Roger Viry-Babel, France 3, 1992
  • Journal de guerre, 2 septembre 1939-20 juillet 1940, Paris, L'Harmattan, 1994
  • Portes : un cahier de collage surréaliste de Georges Sadoul, sous la direction de Clément Chéroux et Valérie Vignaux, Paris, Textuel, 2009, 95 p.

Bibliographie

  • Laurent Marie : Le cinéma est à nous. Le PCF et le cinéma français de la Libération à nos jours, Éditions L'Harmattan, 2005 ; sur Georges Sadoul et Albert Cervoni

 

 

 

 

 

ROGER BOUSSINOT

Roger Boussinot aussi connu sous les pseudonymes Emmanuel Le Lauraguais et Roger Mijema, est un écrivain, critique, historien du cinéma et réalisateur français, né le 2 mai 1921 à Tunis1 et mort le 14 mai 2001 à Bassanne (Gironde) dans sa maison connue par ses volets bleus.

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Biographie

Il suit des études de philosophie à Bordeaux et à Paris. Il devient journaliste à la Libération, spécialiste du cinéma ; il collabore à la revue L'Écran français - dont il a été le rédacteur en chef à partir de mars 19502 -, aux journaux Action et Arts. Il est également directeur de l’Agence littéraire et artistique parisienne.

Il publie des ouvrages consacrés au cinéma, dont une imposante encyclopédie (dont la subjectivité lui a souvent été reprochée bien que ce soit justement son atout principal), et une vingtaine de romans, dont plusieurs sont portés à l'écran. Il réalise des films pour le cinéma et la télévision et quelques émissions d'Italiques (ORTF), l'émission littéraire de Marc Gilbert en 1974.

Considéré comme un humaniste et un libertaire, il a été le maire de la commune de Pondaurat (en Gironde) de 1977 à 1995.

Bibliographie sélective

Filmographie

Scénariste :

  • Cause toujours, mon lapin, 1961
  • Les coups (TV), 1971
  • L'étang de la Breure (TV), 1973
  • Les violons du bal, 1974
  • Les Guichets du Louvre, 1974
  • Le temps d'une république : le chien de Munich (TV), 1978
  • Le mal bleu (TV), 1979
  • Un balcon en forêt, 1979
  • Jean Chalosse (TV), 1980
  • Tout est dans la fin (TV), 1987
  • Des enfants dans les arbres (TV), 1994

Réalisateur :

  • Portait de Nicole Védrès, 1964
  • Le 13ème caprice, 1967
  • Fin de saison (TV), 1973
  • Le Bourrier (TV), 1982

Notes et références

  1. Son père Charles fut le premier de la famille à quitter la condition des brassiers, paysans qui n’avaient que leurs bras pour vivre ; il devint instituteur à Tunis où il sera un promoteur de l’école Freinet et l’un des fondateurs du Parti communiste tunisien. Le père et le fils ont eu en commun une profonde culture de gauche, des amitiés et des compagnonnages communistes.
  2. Epoque où l'on assiste à une reprise en main du journal par le PCF, Roger Boussinot ayant pour mandat implicite de transformer la revue en organe de propagande (Laurent Marie, Le cinéma est à nous : le PCF et le cinéma français de la Libération à nos jours, L'Harmattan, 2005, p. 87)

 

 

 

 

JEAN PAINLEVE

Jean Painlevé, né le 20 novembre 1902 à Paris, où il est mort le 4 juillet 1989, est un réalisateur, scénariste et traducteur français. Son père Paul Painlevé, mathématicien, fut président du Conseil à trois reprises.

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Parcours

Painlevé s'est distingué par des documentaires scientifiques et est à juste titre considéré comme l'un des pères fondateurs du cinéma scientifique.

D'abord méprisé par le monde scientifique, qui juge indigne et peu sérieux le cinéma en tant qu'outil d'observation scientifique, il est bientôt remarqué par les surréaliste et notamment André Breton qui admire la vision plastique et évocatrice de ses films.

De sa rencontre avec Jean Vigo naît une réelle amitié et une collaboration artistique en tant que scénariste.

Investi dans la lutte antifasciste, il réalise Le Vampire comme parabole de l'histoire européenne de son temps, stigmatisant ainsi l'esprit de prédation. Après la Seconde Guerre mondiale, Il participe à la création de l'union mondiale des documentaristes.

Il s'oppose à la création du Festival de Cannes et à son cortège de récompenses, pour lui lieu symboliques des petits arrangements et luttes de chapelles.

Son œuvre se caractérise par le souci de l'exactitude descriptive de ses sujets et par le désir profond de partager l'émotion et l'émerveillement face au « mystères » de la nature que ses films contribuent à dévoiler.

Jean Painlevé est l'un des fondateurs de l'Institut de cinématographie scientifique et de la Commission supérieure technique de l'image et du son.

Le Vampire

Le film Le Vampire, court métrage en noir et blanc de moins de neuf minutes, tourné en 9 millimètres, artistique de par ses prises de vue, expérimental, car genre nouveau et scientifique à la fois, est un documentaire montrant la technique utilisé par le vampire (la chauve-souris), pour se nourrir. On le voit d'abord marcher à quatre pattes pour s'approcher de sa proie, un petit rongeur, puis lui lécher le nez lui transmettant ainsi un anesthésiant, puis le mordre à la joue pour en boire le sang en le lapant.

Filmographie

réalisateur

assistant réalisateur

scénariste

acteur

 

 

 

 

 

GERMAINE DULAC

Germaine Dulac est une cinéaste française, née à Amiens le 17 novembre 1882, morte à Paris le 20 juillet 1942.

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Parcours

Germaine Dulac fut une pionnière de l'avant-garde du cinéma des années 1920, théoricienne du cinéma et féministe.

« De 1906 à 1913, elle débute sa vie professionnelle au journal féministe La Française, où elle rédige principalement des portraits de femmes et des critiques de théâtre. »1

Elle est particulièrement connue pour La Fête espagnole (1920), La Souriante Madame Beudet (1923) et La Coquille et le Clergyman sur un scénario d'Antonin Artaud (1928).

Filmographie

Réalisatrice
Scénariste

Ouvrage

  • Germaine Dulac, Écrits sur le Cinéma (1917-1939), textes réunis par Prosper Hillairet, Éditions Paris Expérimental, 1994

Notes et références

Bibliographie

  • Charles Ford, Germaine Dulac, Anthologie du cinéma tome IV, L'Avant-scène, Paris, 1968
  • Alain Virmaux et Odette Virmaux, Artaud-Dulac : La Coquille et le Clergyman : essai d'élucidation d'une querelle mythique, Éditions Paris Expérimental, 1999
  • L. B. Danou, Le Cinéma de ma mémoire. En hommage personnel à Germaine Dulac telle que je l’ai connue, 1932-1939, Danou Édition, Paris, 2005
  • Germaine Dulac, au-delà des impressions, numéro spécial de la revue 1895, sous la direction de Tami Williams, Paris, 2006

Liens externes

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